Modigliani par Francine

Modigliani par Francine

Mercredi 16 mars 2016, nous vous proposions une conférence introductive au voyage du 30 mars concernant Modigliani.
L'historienne de l'art Marie Castelain nous donnait un nouveau regard sur son oeuvre... 
Notre Amie et membre du bureau, Francine MALEXIS vous propose un compte rendu de cette conférence.



Cette conférence accompagne l'exposition proposée du 27 février au 5 juin au Musée d'Art moderne LAM de Villeneuve d'Ascq où sont présentées 100 œuvres de Modigliani, propriété du LAM ou prêts de musées (Orangerie, Centre Pompidou, musée national d'art moderne, musées des beaux-arts de Budapest, d'Helsinki …;). 
Le fonds permanent du LAM provient de la collection Roger Dutilleul et de celle de son neveu Jean Masurel. 

L'exposé s'appuie sur la bibliographie Modigliani: Homme et mythe, écrite par Jeanne la fille du peintre ( 1918-1984) désolée de constater que son père était le plus souvent présenté comme un artiste maudit, bohème et alcoolique.
Les thèmes retenus pour la conception de l'exposition reprennent les différentes étapes de la carrière de Modigliani. La scénographie est intéressante car les œuvres sont mises en regard d'œuvres contemporaines. 



La jeunesse 

Amedeo est né en Italie, à Livourne, près de Pise le 12 Juillet 1884.
Ses parents sont des grands marchands d'origine juive qui connaissent de grandes difficultés financières. Dans cette famille aimante, il ne fera pas de grandes études car il est de santé fragile.
Dès son plus jeune âge, il a la marotte du dessin et suivra des cours aux Beaux-Arts où il reçoit une formation autour du paysage.
Ensuite, il part pour Florence, voyage en Italie où il découvre les œuvres de la Renaissance et du seizième siècle.
En 1904, il est à Venise où il suit une formation thématique du nu. 




  

A Paris 

En janvier 1906, Modigliani se rend à Paris car cette ville est le foyer artistique de l'époque, en 1905 Matisse y a présenté des œuvres aux couleurs vives et irréelles. Picasso entre dans la période rose après sa période bleue, il y a aussi Van Donghen, Derain, Braque et des écrivains: Guillaume Apollinaire, André Salmon.... Modigliani s'installe à Montmartre au bateau lavoir.
Au cours de cette période (1906 à 1910) Modigliani peint et dessine mais il détruit aussi beaucoup d'œuvres qui ne lui plaisent pas. Parmi celles qui nous sont parvenues citons: Buste de jeune femme 1908 (ci-dessus) en remarquant les cernes autour du visage le camaïeu de bleu ( rappel de Picasso) la chevelure imposante qui simule un chapeau, arrière-plan peu travaillé, cette œuvre appartient au fonds permanent du LAM. 
A cette époque un rhumatologue, Paul Alexandre, croit en l'avenir de Modigliani et l'aide financièrement. L'artiste fera le portrait du père, du frère et de sa maîtresse: La baronne (ci-dessus) représentée en costume d'amazone avec une jolie veste rose orangé. 
La juive 19O8 (ci-dessus) avec son visage émacié, associé à des cernes alors que le buste et le fond sont délaissés. 
1909 Pedro le typographe, le fond ne donne aucune indication, le visage est éclairé, le regard intériorisé. 
1909 le violoncelliste, profil pur, bras surdimensionné, stylisation basée sur la courbe qui s'allonge. 

 

Travail de sculpteur 

1910-1911, époque des cariatides: représentations féminines remarquables par le côté raide des personnages campés frontalement. A cette époque le peintre fréquente le département égyptien du musée du Louvre. Les cariatides s'observent d'abord en peintures à l'huile puis en sculptures sur pierre car Modigliani découvre la taille directe et un jeune sculpteur roumain: Constantin Brancusi. Rodin remarque Modigliani mais Rodin est un modeleur qui n'intéresse pas Amedeo. 
Amedeo s'installe à Montparnasse près de l'atelier de Brancusi qui le conseille ; il prélève ses matériaux sur les chantiers. Les œuvres ne présentent qu'une seule face, elles évoquent l'art archaïque grec et les masques de Côte d'Ivoire. 
Une seule œuvre sculptée en marbre de Carrare, donnée par Madame Masurel à l'Etat puis au Lam. La tête est sommaire, une face est polie, l'autre montre encore des coups de ciseau. A cette époque Modigliani fréquente le Musée de l'Homme du Trocadéro où, après l'exposition universelle de 1876, on admire l'art Khmer et des éléments des temples d'Angkor: bas-reliefs avec des personnages qui dansent, des formes opulentes en contorsions et avec des sourires. 
Citons la tête sculptée de 1912 avec un visage concave, un nez long et mince, des yeux minces en amande, une bouche petite avec une amorce de sourire. La forte schématisation évoque aussi les masques africains. Avec la guerre 14 les chantiers sont abandonnés et il est difficile de ramasser des matériaux, de plus la taille directe produit de la poussière néfaste pour les poumons de Modigliani. L'artiste renonce à la sculpture et revient à la peinture.

  


Le portraitiste

Depuis la découverte de la photographie l'art du portrait a disparu et les commandes privées aussi. Modigliani se consacre cependant au portrait : il travaille sur la tête et utilise peu de couleurs avec un visage dissymétrique mais également une dissymétrie au niveau du regard: un œil qui regarde le monde et un œil blanc, celui qui correspond au regard intérieur.
Quelques œuvres de cette époque: autoportrait de l'artiste en 1915 où la tête porte une kippa, le visage est asymétrique, un œil est occulté par du vert.
La femme au ruban de velours: le fond est abstrait, la forme de la tête est remarquable, avec dissymétrie du chignon, une seule oreille, un cou démesuré.
Citons encore la fille rousse de 1915 où le personnage n'est pas à la verticale, Antonia, Madame Pompadour dont le modèle est Béatice Hastings, amie du peintre à l'époque. Viendra ensuite une jeune étudiante Jeanne Hébuterne qui donnera à Modigliani une fille prénommée Jeanne. A cette époque aussi, Amedeo Modigliani est un dandy séducteur qui lit des poèmes et qui, au sein de « la ruche », fréquente des artistes étrangers. Il fréquente aussi des poètes comme Jean Cocteau et admire Picasso comme un grand maître.
En 1916 Léopold Sborowski arrive à Paris , c'est un étudiant polonais qui fréquente aussi le groupe la Bohème, il rencontre Amedeo et c'est l'amitié entre les deux hommes. Certains ont comparé cette entente à celle qui unissait les deux frères Van Gogh. C'est Sborowski qui demandera à Berthe Weill d'organiser dans sa galerie une exposition Modigliani, le peintre y reprend la thématique du nu en 1917. L'exposition sera perturbée car les nus ont des poils et la pilosité est inconvenante à l'époque. La série des nus est riche de trente tableaux.

   

Les dernières années 1917-1920

Quelques tableaux: la maternité, duo de personnages rare chez Modigliani, appartient au LAM. En 1918, naissance de Jeanne, en 1919 portrait de Roger Dutilleul.
Modigliani est très malade, il part avec sa compagne Jeanne à Nice pour profiter d'un climat plus clément; il peindra quelques paysages où on peut retrouver l' influence de Cézanne mais l'artiste n'aime pas les paysages et il revient à la figure avec la femme à la robe bleue et la chevelure à la garçonne choisie pour l'affiche de l'exposition et les portraits de Jeanne Hebuterme. Dans ses dernières années, il peint aussi de nombreux enfants.
En mai 1919, il est de retour à Paris et en janvier 192O il peindra un autoportrait. On retiendra qu'il a dit : « Le bonheur est un ange au visage grave.»
Amedeo Modigliani meurt le 24 janvier d'une méningite tuberculeuse, sa tombe est au Père Lachaise.

 

Que retenir?
Modigliani est un aristocrate qui a flirté avec les mouvements d'avant-garde et qui nous a appris qu'un œil regarde le monde et que l’autre regarde en toi.

Francine Malexis

18/03/2016
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